El Laberinto del Fauno...

Publié le par KubrickBordel




Le moment est venu, jeunes amateurs cinéphiles, de nous attarder sur l'un des films les plus marquant de l'année passée: Le Labyrinthe de Pan, de Guillermo Del Toro. Pour ceux et celles qui l'ignorent, Guillermo del Toro, c'est avant tout un (jeune) cinéaste montant qui a déjà réalisé l'adaptation de Hellboy (dont le second volet sort l'année prochaine), les deux derniers films de la trilogie Blade ( remarquable pour le premier volet, nettement moins pour les deux suivants) et enfin surtout pas Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban (considéré comme les fans comme le meilleur jusqu'alors, même si graphiquement, le dernier emporterait mes suffrages personnels).

Enfin bon, c'est ici le véritable premier coup de maître de Guillermo qui parvient à pondre un film intriguant, original et assez inédit. Drame fantastique, je dirais, qui se déroule sous le régime franquiste et où une p'tiote découvre au fin fond d'un Labyrinthe un être ancien appelé Faune (et non Pan, bandes d'incultes!). Le film se divise ainsi principalement en deux parties, deux trames dont l'une est l'univers réaliste de 1944, avec la présence de l'armée pour assouvir la domination franquiste, et l'univers merveilleux du Labyrinthe. On est ainsi embarqué entre ces deux eaux, naviguant sans cesse entre la cruauté du monde qui finalement se retrouve dans les deux univers. Ainsi, le monde réel est marqué par l'utilisation de couleurs froides, ternes, d'une obscurité quasi-constante et qui évolue au cours du film. Alors qu'au début, on a le droit à des scènes d'extérieur en plein jour, les personnages, passé la première demie-heure, se retrouvent cloitrés dans des scènes d'intérieur ou d'extérieur, mais de nuit, ce qui donne une image plus opprésante encore de la nature. La violence qui découle du régime franquiste est illustrée à plusieurs reprises également, par la punition violente d'un paysan et de son fils innocent dans un premier temps, jusqu'à la torture d'un prisonnier rebelle. La volonté du réalisateur est-elle de condamner, ou simplement de laisser le spectateur de juger de ces faits réels?


Le personnage du général, machiavélique et fascinant

Il faut dire que le personnage du général est clairement identifié comme LE méchant sans coeur qui est prêt à tout pour arriver à ses fins. Alors qu'il contrôle tout au début, il perd peu à peu de son influence et finit par se faire agresser par une de ses servantes, scène joussive au possible que je m'amuse à regarder encore et encore:
" Je suis pas un vieillard ou un homme blessé, ordure! Fils de putain! Touches pas à la p"tite ou tu seras pas le premier porc que je bute!". Là encore, on a une évolution de l'emprise franquiste qui finit par se faire massacrer à la fin, après une bonne partie de son armée par les rebelles,  et dans la totale indifférence, dirais-je, clandestinement, en pleine nuit. Comme le dit Mercedes, "Ton fils ne connaîtra même pas ton nom". Finalement, il voulait marquer l'histoire par sa cruauté et ne restera même pas dans la mémoire de sa projeniture! Dure comme fin! On peut d'ailleurs faire une parallèle avec l'histoire, car c'est le peuple qui punit son tyran, comme dans l'histoire d'Espagne, si je ne me trompe, avec la guerre civile. Enfin bon, Guillermo Del Toro introduit ici des éléments historiques qui se concluent par la mort des gros méchants. Un peu happy end comme fin? Pas tellement...


Mercedes en compagnie de sa "fille" d'adoption, Ophélia

Par la même occasion, j'aimerais m'arrêter quelques minutes sur le personnage de Mercedes. J'avoue aimer ce genre de personnage qui semble fragile, mais qui berne tout son monde et finit par être la femme forte de l'histoire. La relation qu'elle parvient à nouer avec la jeune Ophélia est assez ambigue, intrigrante, car elle est prête à la suivre en pleine nuit, en laissant sa mère et son frère aux mains de son horrible beau-père. On a l'impression que devant le fossé qui se creuse avec sa mère, elle se réfugie chez cette servante qui finalement devient une seconde figure maternelle. Elle se sent peut être aussi plus proche d'elle à partir du moment où elle apprend qu'elles ont le même but, ne pas se laisser dominer par le général et que chacune est plus ou moins une rebelle à sa manière. Pour ce qui est de la relation d'avec son frère, elle fait un peu "soap-drama" mais passe quand même. Elle joue, enfin, un rôle à la fin, où elle est uen figure de proue des rebelles et fait face au général lors de sa mort, lui promettant de ne jamais faire perdurer sa mémoire. Enfin,, c'est finalement elle qui se recueille sur le corps de la jeune Ophélia en lui chantant une berceuse, ce qui montre assez le lien mère fille qui s'est établit. J'avais pensé, ce qui s'est avéré totalement faux, lorsqu'en traiant les mamelles de la vache, se met à parler de Faune (ma grand-mère  me disait toujours qu'il faut s'en méfier), et aussi lorsqu'elle voit la porte en craie, j'me disais qu'elle savais quelque chose, et qu'elle avait peut être été elle aussi prise pour la princesse. J'me suis aussi demandé si finalement, Faune n'était pas dangereux et elle en avait fait les frais...M'enfin, c'est pas la réalité ^^

Le personnage du docteur, et je n'en dirais que trois lignes, m'est aussi très sympathique et joue également un rôle dans la résistance. J'aime beaucoup cette fin, où il marche droit devant, sans se retourner, sans implorer, après avoir aidé un rebelle en lui donnant la mort. Cela dit, je ne comprends pas comme le général n'a pas capté son petit manège plus tôt, j'dois être un peu trop dans le film moi ^^.


Bon, les rebelles, pas très utiles à l'histoire je dirais, et juste présent pour mettre en avant des personnages forts, tel que le docteur ou Mercedes. Je pense surtout qu'ils doivent symboliser le peuple dans la révolte contre Franco, et pas grand chose de plus.

Je crois que j'ai assez parlé du côté réel, on va passer à l'aspect mystérieux. Pour être franc, c'est ce que j'ai le plus apprécié, évidemment, mais surtout parce que
je n'aime pas les histoires de la guerre, même si je trouve qu'ici, l'époque est bien appropriée et que j'adore le style vestimentaire de cette époque...

L'époque est bien appropriée, à mon sens, car je pense que Guillermo voulait d'une part faire un contraste entre ses deux mondes, mais aussi montrer que la violence est partout, que ce soit dans le réel, avec la guerre et l'armée, et dans le monde magique (avec la seconde épreuve notamment).

Ophélia, une petite fille courageuse...mais très curieuse

Mais l'aventure est avant tout centrée sur une toute petite fille, OPhélia, qui découvre le labyrinthe et sa magie. J'ai trouvé que l'actrice était relativement convaincquante dans le rôle et le personnage bien écrit. Elle est au départ fascinée par ce nouvel univers, curiosité qu'elle a cultivée dans ses livres de longues années, et qui se réalisent. Dans un second temps, elle se questionne sur la finalité de toute cette histoire, et sur l'honneteté de Faune. Ainsi, elle reste avant tout une enfant qui agit et réfléchit par la suite, que ce soit pour la première épreuve, qu'elle accepte et réalise les manches relevées. Sa curiosité, qui l'aide, lui nuit également dans un monde qu'elle ne connait pas, et on le voit par sa gourmandise lors de la seconde épreuve. Elle est tout de même dotée d'une intuition lorsqu'elle choisi la bonne clé. Finalement, la seule chose dont elle rêve, c'est l'évasion, qui lui est fait miroiter par Pan et ce nouveau monde. Elle s'enfuit de la vie réelle pour se réfugier dans un espoir. Elle met toute sa confiance dans autre chose que les hommes qui l'ont déçu. Encore une fois, le personnage du général joue un rôle dans cette destructuration car il représente l'extérieur et notamment le monde, un quelconque réalité humaine. Seulement, d'autre part, elle est aussi très attachée aux figures maternelles de ce film, sa mère, Mercedes... On peut dès lors se demander se qu'elle fuit, ou si elle n'est finalement pas uniquement poussée par sa curiosité et son orgueil.

L'arc narratif concernant sa mère et elle est, quand à lui, plutôt décevant de mon point de vue. Je trouve qu'on cherche à innoculer la pathos dans cette intrigue qui finalement ne joue aucun rôle dans le dénouement final. Elle perd simplement progressivement ses attaches au monde devant le refus de sa mère de faire attention à elle et de l'écouter. Finalement, après sa deuxième épreuve, elle implore sa mère de s'en aller avec elle, et de laisse la noirceur de l'endroit derrière elle, mais cette dernière refuse et force finalement sa fille à trouver un autre moyen de s'échapper. Hum, je n'ai plus grand chose à dire sur cette intrigue là, sinon que ce sont les moments les plus ennuyant du film, à mon sens.


Le personnage de Faune, mystérieux et ambigu

Pour ce qui est de Faune maintenant, je trouve que le réalisateur joue merveilleusement sur l'ambiguïté qu'il peut dégager. On ne sait finalement pas s'il est bon ou mauvais, car il propulse la jeune fille dans des situations particulièrement périlleuse. Tout en lui montre que le scénariste cherchait cet effet. Sa démarche, par exemple, et ses mouvements de doigts, assez secs, sacadés, mais toujours en état d'alerte. On le découvre plutôt moqueur, un peu comme le Pan de la mythologie grecque, pas forcément bon, mais moqueur et inquiétant. Ainsi, lorsqu'il s'énerve avant la deuxième épreuve, on doute vraiment de sa bienveillance. Personnelement, je m'attendais à une Twist-ending, ou retournement de situation finale, où il apparaît méchant. L'idée du bébé qu'on croît futur sacrifice n'était pas mauvaise, même si trop classique pour être crédible, on y a tous vu la troisième épreuve, je pense. Finalement, la fin nous garantit-t-elle qu'il était bon, étant donné qu'elle meure pour accéder au royaume magique? On sait juste qu'il est parvenu à ses fins, dans quel but, on l'ignore.

Le livre de Faune, guide à travers les épreuves (et image maginifique avec de très beaux jeux de lumières)

Revenons maintenant sur les trois épreuves proposées, qui sont le fil rouge, l'arc principal du film. La première consiste ainsi à récupérer une clé dans le ventre d'un crapaud. Pour se faire, Ophélia doit lui faire absorber trois ambres magiques. Lieu clos où l'ambiance oppréssante est illustrée par les cafards, on constate tout de même des reflets dorés qui traduisent le magique de l'endroit. Cette première épreuve sert avant tout à tester sa détermination, et à constater sa curiosité, autant que son ingéniosité. Grâce à celle-ci, on cerne un peu plus la jeune fille et ce qu'elle est prête à accomplir. Loin d'être une épreuve dure pour elle, elle est avant tout initiatique d'un plus long voyage qui lui offre avant tout la clef lui permetant d'accéder à l'épreuve suivante. Elle se retrouve aussi face au nouveau monde qui s'incarne en la grenouille, et elle l'affronte de face au lieu de fuir. Elle est donc mentalement dans de bonnes dispositions pour accomplir son objectif. La manière dont est réglée l'épreuve, à savoir lui faire avaler l'ambre avec des cafards, est elle aussi classique mais colle plutôt bien à l'esprit du film qui se veut avant tout un conte. On remarquera d'ailleurs ce merveilleux vomis d'insecte où se trouve la clé...

Le monstre de la seconde épreuve, graphiquement parfait (quel design!) !

Seconde épreuve, dépaysement total, bien que perdure toujours des teintes dorées. La jeune fille se retrouve dans une sorte de vieille taverne où séjourne un monstre immobile à table, sorte d'épouventail. Elle doit utiliser la clé récupérée dans l'épreuve précédente pour ouvrir une petite porte et récupérer une poignard semblait-il. Elle choisi selon son intuition, et non selon les fées qui lui indiquent une porte. Dès lors, on voit que la jeune fille a gagné en maturité et demeure bien plus indépendante, elle veut maintenant arriver au terme de ces trois épreuves alors qu'elle restait hésitante auparavent. Je pense notamment qu'elle a désormais du se prendre en main car sa mère était malade (c'est d'ailleurs elle qui la guérit, ndlr). Elle se rapproche plus de la princesse et un peu moins de la petite fille peureuse et "chialeuse". Cette épreuve est donc celle de la maturité, alors que la première était celle de l'initiation. Alors qu'elle était bien plus dirigée pour la première, elle doit ici rechercher en elle des capacités enfouies. Je dois l'avouer, c'est celle que je préfère. La seconde partie de l'épreuve consiste à tester sa curiosité qui l'a initié à ce monde, et on voit clairement que cette curiosité est à double tranchant. Avec son indépendance positive, elle n'écoute plus non plus les fées lorsqu'elles la mettent en garde. Dès lors, elle avale deux grains de raisins, contre les avertissements de Faune, et réveille un monstre (magnifique) qui regarde à travers des yeux incrustés dans ses mains. Deux Fées se font croquer, mais la jeune fille réussi finalement à s'échapper grâce à sa craie, en dessinant une trappe. Le monstre, finalement, n'est-il pas ses propres démons et peurs, une réprésentation de ses défauts pour lui apprendre à gérer sa curiosité, car le fait de prendre en charge un peuple implique aussi de se conformer à des règles. On voit ici que la princesse est testée dans ce qu'elle pourrait devenir. Suite à ce faux pas, Faune lui jure qu'elle ne les reverra plus, eux, les êtres de la forêt. On voit clairement que la jeune fille déplore son erreur, et cela montre qu'elle était finalement bien décidée désormais à aller jusqu'au bout. Je voudrais juste m'interroger réellement ici sur l'utilité de ce couteau qu'elle est chargée de trouver. Il ne sert finalement pas et un couteau quelconque aurait convenu. De plus, si c'était lui qui permettait d'ouvrir la porte, si c'était par son acte, mais c'est le sang seul qui l'ouvre finalement. Ainsi, à quoi sert-il vraiment?
Troisième épreuve, Faune revient en exigeant que pour cette dernière chance, Ophélia lui obéisse sans poser de questions, ce qu'elle accepte. C'est finalement ce qui est exigée de personnes haut placés, à l'instar de nos ministres ces temps-ci, ou de Lady Di dans son temps. C'est d'ailleurs pour cette raison, comme je l'ai dit, qu'elle a raté sa seconde épreuve. Ophélia ramène donc son petit frère à Faune, sans poser de questions, pensant s'évader avec lui dans l'autre monde. A ce moment, tout spectateur pense à un sacrifice, et moi aussi. Cependant, je m'attendais à ce que ce soit vraiment ce qui est exigé. Après tout, ce jeune frère a tellement fait de mal à sa mère, l'a rendu malade, etc... et je trouvais que c'eut été une bonne idée, bien que totalement anti-conformiste et anti-étique, de finir par ce sacrifice. Quid de cette idée, c'est finalement le schéma classique, elle ne devait pas accepter pour réussir son épreuve. Encore une fois, c'est un trait de princesse qui est exigé, assumer ses actes et ne pas sacrifier des Innocents. Cela témoigne d'une véritable générosité de coeur, surtout que la jeune fille avait des raisons d'en vouloir à son jeune frère. J'aime finalement la manière dont cette scène a été amenée et jouée. J'aime cette ambiguïté toujours présente de Faune et le cran de la fillette. Elle a donc envie de rejoindre le pays magique, mais pas à n'importe quel prix, ce qui la fait réellement différer de la personnalité de son beau-père, par exemple (Lui était près à sacrifier sa mère pour son frère, hum hum). Je pense que cette troisième épreuve n'en est finalement pas vraiment une, mais plutôt une dernière occasion de jouer sur l'ambiguïté des choses, j'imaginais déjà un plan machiavélique de Faune près à se transformer en grand méchant avide de pouvoirs et de puissances, réduisant le genre humain à néant... ( hum hum, péssimiste vous dites?)


La scène finale, Ophélia face à son popa!

La scène finale, enfin, est assez ambigu. Elle retrouve son père dans le monde des profondeurs, comme dit Faune, qui lui explique qu'elle a fait le bon choix en donnant son sang à la place d'un innocent. Pourtant, elle ne l'as pas choisi et y a été totalement contrainte. Peut-on alors parler de sacrifice? Une princesse doit-elle être capable de se sacrifier pour son peuple? A quel point l'amour joue-t-il un rôle dans cette dynamique? Et quelle est finalement le message final? Le prix était-il de donner sa vie pour rejoindre l'autre monde? Meurt-elle simplement, en imaginant, lors d'un dernier soupir, ce monde qui lui était promi (en effet, on ne termine pas le film sur elle avec son père, mais elle morte dans les bras de Mercedes)? Ou n'est-elle pas encore morte? On ne sait finalement pas et cette fin ouverte est propice à de nombreuses interprétations. Je me prononcerais plus comme la mort prix pour la découverte du nouveau monde. As-t-elle finalement triomphé de son beau-père machiavélique par cette mort ou as-t-elle perdue, étant donné qu'elle s'est faite tuer par lui? As-t-elle échappé au monde qui l'emprisonnait? Je n'essayerais pas de trouver une réponse, mais juste de vous laisser réfléchir là dessus.

Je terminerais par cette phrase:

Le labyrinthe de Pan, c'est finalement l'histoire d'une longue fuite de la réalité
, et en chacun de nous dors une Ophélia... (romantique, vous dites? ^^)

Publié dans Analyse d'Oeuvres

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L
il est marrant le gars qui a les yeux sur les mains mdr
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